Communiqué de l’ARC (11 mai 1984)

COMMUNIQUE DE L’ARC

Personne n’est assez sot pour mettre sur le même plan, la violence d’oppression, de domination, d’exploitation et la violence de libération.

La violence de domination abîme l’homme, le défigure, le déshumanise, l’enferme dans l’égoïsme, le rend docile et servile. Cette violence là fait de l’homme un mendiant permanent et !’empêche d’atteindre sa digne dimension de transformateur de son monde, de son pays, de sa cité. Elle empêche la communica­tion libre, l’échange authentique, l’amour et la fraternité.

C’est cette violence là que l’Etat français maintient en Guyane, Guadeloupe, Martinique avec la complicité des profiteurs comme Emile Maurice et Camille Darsières.

Nous combattons cette violence. Notre violence, celle que nous avons choisie, est violence de libération. Nous voulons la justice pour nos peuples Nous réclamons de conduire nous-mêmes avec notre génie propre la destinée de nos pays, sans tutelle, sans métropole.

L’Etat français vient de dissoudre l’ARC. II prend ainsi devant le monde la responsabilité de durcir ses positions et de ce fait, il autorise les partis de gauche et de droite à la Martinique à continuer leur entreprise de sabotage du pays avec le mépris qu’on leur connaît.

Camille Darsières, depuis qu’il a commencé à ronger « l’os de la décentralisation » grogne. C’est normal. La peur de perdre l’os le conduit de reniements en reniements. Souvenez-vous du texte publié sous forme de tract le 2 janvier 1981 après l’incendie du Palais de Justice et paru dans « Le Progressiste » du 7 janvier 1981 page 3. En voici des extraits : « Le pouvoir colonialiste a toujours refusé toute politique d’ouverture, face à la situation politique, économique sociale de crise que vivent les Antilles et la Guyane, et qu’il a créée et aggravée. Le pouvoir colonialiste a toujours opposé aux légitimes revendications du peuple martiniquais le mur de son mépris, s’appuyant cyniquement pour ce faire sur des hommes politiques irresponsables et serviles (sic). Le pouvoir colonialiste français devrait lucidement prendre acte de ce que tout événement politique de ce genre est l’expression, plus que d’un malaise mais de la volonté délibérée d’un peuple, empêché de s’exprimer, de dénoncer la persistance de l’oppression et de créer sa révolte. D’ores et déjà le PPM condamne toute répression et assure de sa vigilante solidarité les compatriotes qui en seraient les nouvelles victimes »

Chacun peut juger de lui-même de la crédibilité d’un tel parti avec de tels hommes.

L’ARC rappelle que la répression n’a jamais empêché un peuple de se libérer. II met le temps qu’il faut.

Au moment où le gouvernement français de la gauche reçoit solennellement à Paris les représentants d’un peuple qui lui a mené une guerre sans merci pendant huit années, au moment où il est rappelé la victoire des Vietnamiens à Dien Bien Phu, nous comprenons mal que le pouvoir français retombe aujourd’hui dans la répression à l’égard de peuples guyanais, martiniquais, guadeloupéen.

Faut-il lui rappeler qu’un peuple qui lutte pour sa libération ne s’arrête qu’à l’accomplissement de celle-ci.

Le temps de la peur est passé. La mesure de dissolution de l’ARC est de nature à renforcer la lutte de nos peuples et chacun doit le savoir.

Honte à ceux qui font passer les hommes et les femmes de l’ARC pour de sanguinaires. Notre volonté est d’accéder à la libre expression de nos amitiés avec les peuples du monde donc aussi avec le peuple de France. Nous ne capitulerons donc pas.

Nous appelons les patriotes authentiques à unir leur force pour arc-bouter la lutte de libération entreprise.

Hommes et femmes de Martinique, hommes et femmes de Guadeloupe, votre liberté, notre liberté se conquiert dans la dignité et donc dans la lutte.

Luttons ensemble pour vivre libre ensemble. Nous vaincrons.

11.05.84

ARC