LE MANIFESTE DU FRONT POUR LA LIBERATION ET LA RECONSTRUCTION NATIONALES

LE MANIFESTE DU FRONT POUR LA LIBERATION ET LA RECONSTRUCTION NATIONALES

Considérant que la libération de la dictature qui a eu lieu en 1986 n'a apporté aucun des changements qu'il était permis d'espérer et qu'au contraire le pays n'a pas cessé de descendre à un niveau plus bas que celui qu'il avait sous ce régime de dictature;

Considérant que les premières victimes de notre marasme national sont les Haïtiens de la masse dont le sort ne fait qu'empirer depuis longtemps et considérant que la plupart des citoyens de cette masse vivent dans des conditions infra humaines, et qu'aucune solution décente n'est en vue;

Considérant que le pays est partagé en deux: d'un côté des riches qui continuent à s'enrichir et des pauvres qui continuent à s'appauvrir, et que cette situation scandaleuse dénote l'existence d'une structure économique désaxée, déséquilibrée qui secrète la misère comme le foie secrète la bile et qu'il est urgent de corriger cette structure;

Considérant la faillite totale des mouvements et des dirigeants qui prétendaient prendre en main le salut du peuple mais qui finalement ont donné la preuve par leurs trahisons et leurs magouilles que leur seule vraie doctrine c'est l'exploitation du peuple;

Considérant qu'un trop grand nombre de dirigeants et de partis politiques haïtiens sont financés par des organisations étrangères qu'ils sont ainsi obligés de défendre et que cela les empêche de travailler efficacement à la promotion des vrais intérêts de la nation et du peuple haïtiens;

Considérant la faillite de la bourgeoisie et de l'establishment haïtiens qui n'ont jamais su élaborer un plan pour donner au pays des structures socio-économiques dynamiques, basées sur le pionniérisme et l'esprit d'entreprise, autonomes, essentiellement orientées vers le bien et les intérêts de l'ensemble de la nation haïtienne;

Considérant que le gouvernement actuel mis sur pied de toutes pièces par des dirigeants démagogues, irresponsables, à courte vue qui connaissaient très bien les tenants et aboutissants de cette machine monstrueuse qui actuellement tient le pays en main, est la parfaite image de la société haïtienne actuelle basée sur l'injustice et la corruption et que cette société doit être refaite sur des bases nouvelles capables d'assurer le bonheur du peuple haïtien;

Considérant que l'échec de la dernière intervention armée étrangère qui n'a réussi qu'à installer le régime d'abus et de terreur sous lequel nous vivons actuellement, a fait la preuve, s'il en etait besoin, que les étrangers ne peuvent rien faire pour nous sauver et que c'est à nous, Haïtiens, à nous sauver nous-mêmes;

Considérant que c'est un droit naturel et imprescriptible des personnes et des collectivités de répondre à l'agression armée par une défense armée et que personne ni aucune institution n'ont le droit de refuser au peuple haïtien son droit à sa légitime défense,

Considérant que les trois grandes révolutions populaires: celle d'Haiti en 1804, celle des Etats-Unis en 1776 et celle de la France en 1789, nous ont enseigné un principe très clair: lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations de droits marque le dessein de soumettre les hommes d'un pays au despotisme absolu, ces hommes ont non seulement le droit, mais aussi le devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur propre sécurité future;

Considérant que le peuple haïtien agressé en particulier dans ses couches populaires qui n'ont aucun présent et aucun avenir, a le droit de se défendre et de prendre les mesures nécessaires pour s'assurer un futur où il puisse bénéficier enfin d'un minimum de bien-être;

Considérant que si un chef d'Etat même démocratiquement élu viole la constitution du pays de façon répétée et systématique et entretient une milice qui terrorise le pays et l'empêche de protester de manière démocratique, ce chef d'Etat se met lui-même en dehors de la constitution et la seule issue qui est laissée au peuple pour retrouver ses droits et sa liberté, c'est d'utiliser son droit à la légitime défense pour renverser ce chef d'Etat.

Nous, les groupements et organisations qui avons adhéré au Front pour la Libération et la Reconstruction Nationales, déclarons ce qui suit:

1. Nous estimons que le Gouvernement haïtien actuel qui a failli à tous ses devoirs et qui a fait la preuve qu'il n'est rien d'autre qu'une structure d'abus et d'oppression du peuple doit abandonner le pouvoir dans les meilleurs délais.

2. Nous estimons que nous avons le droit d'affronter ce gouvernement les armes à la main, puisque c'est la seule issue qu'il nous laisse pour défendre nos droits.

3. Nous demandons aux différents éléments de la nation haïtienne de bien se rendre compte que les dix-huit ans de combat dits "pacifiques" n'ont rien changé dans le pays sinon en pire et qu'il est temps, au lieu de demander aux Etrangers de venir nous sauver, que nous fassions un effort pour nous sauver nous-mêmes.

4. Nous affirmons, pour des raisons de principe renforcées par la constatation du grave échec de la dernière intervention étrangère, qu'aucune nation ou institution ou mouvance étrangères ne doivent s'immiscer dans la lutte que le peuple haïtien mène actuellement pour recouvrer ses droits et sa liberté.

5. Nous demandons aux nations et aux peuples étrangers de bien prendre en considération qu'un pourcentage de 70% au moins de notre population vit dans des conditions indignes d'êtres humains et que la dictature féroce actuelle qui agresse un peuple entier ne lui laisse aucune autre issue que de se défendre par des moyens appropriés

6. Nous demandons aux différents éléments de la nation haïtienne et aux nations et aux peuples étrangers de bien prendre en considération que si ce mouvement de révolte populaire contre une dictature sanguinaire a été déclenché en partie par des hommes qui avaient soutenu le pouvoir établi, ces hommes réclament seulement aujourd'hui leur droit et même leur devoir de s'engager dans une voie nouvelle pour leur vrai salut et pour le salut du pays.

7. Nous demandons à tous les éléments de la société haïtienne de se joindre à nous pour arriver à renverser la dictature et à en détruire les racines. S'ils ne peuvent rien faire d'autre qu'au moins ils arborent ostensiblement, par solidarité avec le mouvement, sur leurs vêtements ou les vitres de leurs voitures des rubans de couleurs jaune et vert, qui
sont les couleurs du FLRN.

8. Nous sommes pour une nation haïtienne souveraine qui respecte suffisamment les autres nations amies pour ne pas leur demander de venir à longueur de journée régler pour nous nos propres affaires.

9. Une fois la lutte terminée nous nous battrons pour reconstruire Haiti sur des bases de liberté, de justice, d'égalité et de fraternité, en donnant une priorité décisive au sort des plus défavorisés de la nation haïtienne.

10. Nous prenons l'engagement, une fois la lutte terminée, de nous soumettre strictement, en ce qui concerne la propriété et l'usage de nos armes, aux ordres du gouvernement légitime qui sera régulièrement établi et dont la composition et la structure donneront les garanties que les intérêts fondamentaux du peuple et de la nation sont sauvegardés.

Que Dieu nous soit en aide!

Vive la Nation Haïtienne libre et souveraine!

Gonaïves, 13 février 2004, an deux centième de l'Indépendance Haïtienne

Le Directoire du Front pour la Libération et la Reconstruction Nationales